Donc, pour moi, Wagner vaut mieux que le suffrage de ceux qui ne l’aiment qu’en Franconie, et je soutiens qu’en France on peut le goûter tout aussi bien qu’au-delà de nos frontières ; je ne veux qu’effleurer cette question de la politique que des passionnés, des intéressés ont mêlée à la question d’Art. […] Alors, mon cher Carvalho, vous avez jugé que le moment était venu de représenter Lohengrin, œuvre dramatique, sur un théâtre, et, pour ne froisser aucun intérêt français, vous avez décidé de le jouer en matinée ; mes confrères de la presse vous ont soutenu vaillamment dans ce projet artistique et bien digne d’un artiste comme vous. […] Paris se compose de vingt ou trente mille personnes désireuses d’entendre Lohengrin, d’un million neuf cent mille indifférents qui se moquent de Wagner et de ses œuvres, et de soixante-dix mille habitants de tout âge, imaginations ardentes, cœurs inflammables, cerveaux affolés, que dix bons meneurs soutenus par beaucoup de braillards conduisent où ils veulent. […] Et quel fou oserait soutenir qu’il faut dès lors interdire aux amateurs français d’entendre et le Freischütz et Don Juan pour ces deux morts et les empêcher de recommencer une autre fois. […] Elle a des programmes variés et intéressants, où l’École française tient la première place, un orchestre d’élite, des exécutions soignées, le tout soutenu par de grands et louables efforts, par d’importants sacrifices de temps et d’argent.