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546. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

……… s’écrie le poète, un moment ému involontairement lui-même par son propre récit, Amour, fléau du monde, exécrable folie, Toi qu’un lien si frêle à la volupté lie, Quand par tant d’autres nœuds tu tiens à la douleur, Si jamais, par les yeux d’une femme sans cœur, Tu peux m’entrer au ventre et m’empoisonner l’âme, Ainsi que d’une plaie on arrache une lame, (Plutôt que comme un lâche on me voie en souffrir) Je t’en arracherai, quand j’en devrais mourir. […] J’aime, et je veux pâlir ; j’aime, et je veux souffrir ; J’aime, et pour un baiser je donne mon génie ; J’aime, et je veux sentir sur ma joue amaigrie Ruisseler une source impossible à tarir. […] L’homme est un apprenti, la douleur est son maître, Et nul ne se connaît, tant qu’il n’a pas souffert. […] Tu t’es laissé prendre par les yeux aux apparences séduisantes du plaisir, au lieu de rechercher les saintes fidélités du sentiment ; qui est-ce qui en a souffert, si ce n’est ton cœur ?

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