/ 2936
471. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Après avoir fait un bon souper du reste de notre mouton d’El-Arich, après nous être bien couchés sur nos tartelettes de lit, après nous être laissé aller au plus délicieux sommeil, tout à coup nous nous réveillons flottants et soulevés par l’eau ; un orage affreux venait d’éclater, et, dans quelques minutes, le lieu charmant que nous avions choisi, maigre quelques charognes qui en faisaient l’ornement, se transforma en une espèce de naumachie, de laquelle nous sommes sortis de nos personnes, mais laissant tous nos effets prenant une leçon de natation. […] L’étonnement ne paraît jamais sur leur visage, ce qui explique les ordres froidement cruels donnés par Moïse et exécutés ponctuellement sans que les victimes se doutassent du sort qui les attendait. » * Tout cela est finement senti, et, sa pensée se précisant de plus en plus à la réflexion, il écrivait de Smyrne, au moment de s’embarquer : « C’est ici que je commence à bien me rendre compte de tout ce j’ai vu d’intéressant, de curieux, de magnifique et de nouveau ; c’est pour le coup que la Bible devient intéressante. […] Voilà ce que c’est que le combat de plusieurs idées dominantes dans une tête de peintre : chacune veut sortir la première ; le bec d’une plume n’est pas large ; la foule se presse à la porte pour sortir, comme d’une salle de spectacle où l’on crie au feu ! […] quand je commence à faire des changements, je m’embarbouille et je ne sais plus comment en sortir. » Ne généralisons rien ; à chacun sa nature.

/ 2936