En effet, nous n’avons pas besoin de supposer, avec plusieurs physiologistes qu’il y a trois sortes de nerfs chargés de nous transmettre, les uns l’impression du contact, les autres l’impression du froid et du chaud, les autres l’impression de la douleur, chacune de ces trois classes de nerfs pouvant être paralysée isolément et nous retrancher ainsi une sorte de sensation, sans que pour cela les deux autres soient abolies. La seule chose que les faits attestent, c’est que les trois sortes de sensations ont des conditions spéciales, et que ces conditions peuvent être détruites isolément. — Quelles sont ces conditions ? On peut en concevoir de plusieurs sortes. — Elles peuvent être anatomiques : telle est la réponse des physiologistes précédents, de Landry, de Brown-Séquard, de Lhuys. En effet, il suffit, pour expliquer ces abolitions isolées, qu’il y ait trois sortes de nerfs ; cette solution parle aux yeux ; on est tenté de l’adopter. […] Tout ce que nous savons, c’est qu’il y a une telle action et, partant, une telle sensation ; car, quel que soit l’excitant, le nerf tactile et les centres auxquels il aboutit fonctionnent toujours de même et d’une façon qui leur est propre ; leur rhythme d’action est spécial et ne change pas ; la preuve en est que ce rhythme provoque toujours en nous la même sorte de sensations, et que cette sorte de sensations n’est provoquée que par lui.