Sur telle pièce de vers qui s’épanouissait au soleil, drue, vivace, parfaite en son genre, sans désirer un inutile surcroît de grâce, le chant est venu se poser comme un oiseau sur un rameau fleuri. […] Le poète y souhaite « pour la France une littérature qu’on puisse comparer à une ville du moyen âge », et si on lui demande ce qu’il a voulu faire lui-même dans son livre, il répond : une mosquée, « la mosquée orientale, au dôme de cuivre et d’étain, aux portes peintes, aux parois vernissées, avec son jour d’en haut, ses grêles arcades, ses cassolettes qui fument jour et nuit, ses versets du Koran sur chaque porte, ses sanctuaires éblouissants, et la mosaïque de son pavé et la mosaïque de ses murailles ; épanouie au soleil comme une large fleur pleine de parfums ». […] Théophile Gautier, un soir qu’il rêve à son existence passée, se représente visitant « le Château du Souvenir131 », un vieux manoir perdu dans les broussailles, rongé par le temps et les orages, meublé de vieilles tapisseries et de portraits effacés, peuplé d’ombres grises et roses qui disparaissent avec le soleil levant. […] Aussi qu’ils étaient à plaindre les descriptifs d’alors, Delille tout le premier, qui « faisait » à volonté un colibri, un chameau, une forge, qui se vantait d’avoir fabriqué une dizaine de soleils couchants et tant d’aurores qu’il ne pouvait plus les compter !