Ainsi dans les forêts de la Louisiane Bercé sous les bambous et la longue liane, Ayant rompu l’œuf d’or par le soleil mûri Sort de son lit de fleurs l’éclatant colibri ; Une verte émeraude a couronné sa tête, Des ailes sur son dos la pourpre est déjà prête, La cuirasse d’azur garnit son jeune cœur, Pour les luttes de l’air l’oiseau part en vainqueur… Est-ce que ces vers encore, — pour lesquels, au surplus, je ne partage pas l’admiration du même Sainte-Beuve, — existeraient seulement si la prose de Chateaubriand, celle de Bernardin de Saint-Pierre, celle de Buffon, — ou de l’abbé Bexon, — ne les avait précédés ? […] Et celles-ci vinssent-elles à lui manquer un jour, la critique n’en continuerait pas moins d’être tout ce qu’elle est, parce qu’il n’y a rien d’absolument nouveau sous le soleil ; parce que l’homme n’est pas composé d’imagination seulement ; et parce qu’enfin, dans la mesure où la littérature est l’expression de son temps, c’est assez peu de chose que Gil Blas en comparaison de l’Esprit des lois, et un assez mince personnage qu’un Crébillon ou qu’un Choderlos de Laclos en comparaison d’un Buffon.