Écoutez pourtant chez Baudelaire la douleur s’adoucir, bien exceptionnellement, il est vrai, et voyez comment la pensée aussi forte, mais plus lointaine que chez Vigny, s’enveloppe aussi de plus d’art : à ce point qu’il est impossible de dire autrement que-par les longues et les brèves, comme une mélopée, ces vers de Baudelaire : Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire, Que diras-tu, mon cœur, cœur autrefois flétri, À la très belle, à la très bonne, à la très chère Dont le regard divin t’a soudain refleuri ? […] Ah, jusqu’alors, écueil ou phare, on pourra voir Dans la fureur du ciel mon Rêve qui s’élève Et défie les assauts de l’aurore et du soir. […] Descends alors sur l’œuvre bonne, ô Mort aimée, Mort amoureuse, avec le soir religieux, Et désigne au regard des pasteurs d’Idumée L’étoile du phare ou l’écueil prestigieux : Descends alors sur l’œuvre bonne, ô Mort aimée.