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175. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Son amant, un Américain nommé Peterson, tourmenté par le sang et qui n’a pris une maîtresse que sur ordonnance de médecin, la mène, comme unique distraction, tous les soirs, jouer aux dominos dans un café, avec toujours les mêmes figures de compatriotes. […] * * * — J’étais ce soir dans un café. […] Et encore, dans cet atelier, traînaient sur un vieux divan, deux bouquins à la reliure tout usée, les seuls et uniques livres du logis : une Bible dont Valentin lisait un peu le matin ; un Rabelais dont Valentin lisait un peu le soir. Là, il travaillait du petit jour au crépuscule, — car c’était un piocheur inlassable, — il travaillait de cinq à six heures du matin à six ou sept heures du soir, heure où il sortait pour aller dîner chez Ramponneau. […] Et les charmants enfantillages au milieu de tout cela, et l’amusante colère de Blanche, le jour où le ténor Léonce lui dévora la pêche qu’elle devait manger en scène… Et quels soupers joyeux faisait le soir la petite troupe, quand on lui servait deux douzaines de chaussons aux pommes, et quel grand jour, la veille de la représentation, le jour que Mme Passy rangeait tous les costumes dans la grande chambre, où nous couchons aujourd’hui !

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