« Le soir, nous avons achevé Mademoiselle de Clermont ; j’ai pleuré une heure durant, et Mme de Coigny me disait : « Mais tout cela n’est pas vrai. » — « Quest-ce que cela fait, lui ai-je répondu, si cela en a l’air ? […] Le soir nous avons lu du Schiller, et hier nous avons fait exactement la même chose. […] Ici tout ressent la vie, tout recommence, le printemps éclate, la jeunesse refait du bruit aux jeunes cœurs, et ils se rouvrent avec délices au sentiment de la nature : Je suis accoutumée déjà (dès le lendemain de l’arrivée) au séjour de Plombières comme si j’y avais demeuré six mois ; il me semble que j’avais rêvé ces montagnes, ces cascades, et tous ces jolis sentiers qui ne mènent nulle part et qui vont toujours… Je m’endors chaque soir au son d’une musique quelconque, le bal qui danse en face de nous, un voisin qui joue du violon à ravir, et un grillon qui crie dans ma cheminée. […] Humble et patiente amitié, pensai-je, c’est ainsi qu’on t’oublie aux heures splendides de la jeunesse et de l’amour ; c’est ainsi que tu apparais, douce et consolatrice, vers le soir de la vie, quand la passion est morte et l’existence dénudée32. […] [NdA] Le 15 juin (1815) jour de l’entrée en Belgique, à cinq heures du soir, sur l’ordre de l’empereur, s’engagea le combat dit de Gilly.