III La première pensée de l’homme lettré, au milieu de la nature ou de la société, est de chercher l’auteur de son être, pour lui porter l’hommage d’amour, de terreur, d’adoration ou de vertu qui lui est dû. […] L’acharnement même des peuples européens à chercher des formes meilleures de gouvernement ou de société atteste le travail et l’inquiétude d’esprit, qui s’agite dans un perpétuel effort. […] XIII Nous voyons partout en effet une race humaine tombée dans l’ignorance et dans la barbarie, en sortir pour remonter à la lumière, à la civilisation, à la vertu, à la puissance ; arriver plus ou moins laborieusement à la perfection relative d’une nationalité, d’une société, d’une religion supérieure ; rester à ce point culminant plus ou moins longtemps avant d’en redescendre ; puis s’écrouler par l’infirmité irrémédiable de notre nature, se détériorer, se corrompre, déchoir, mourir, disparaître, en ne laissant, comme l’individu le plus perfectionné lui-même, qu’un nom et une pincée de cendres à la place où il a vécu. […] Or, il n’est pas douteux que, dans l’œuvre de cette croissance relative d’une nation ou d’une société, cette société ou cette nation ne soit réellement et saintement servie, secondée, assistée, glorifiée par le dévouement des hommes supérieurs ou des hommes secondaires qui en font partie. […] La société humaine ne vit que des sacrifices de ses membres au bien général.