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879. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Aucune espérance ne m’y attire : ce n’est pas le plaisir, dans un endroit aussi sauvage ; ce n’est pas l’amitié (le plus honnête de tous les motifs qui peuvent déterminer les hommes) ; quels amis pourrais-je avoir dans un désert où le nom même d’amitié n’est pas connu, où les habitants, uniquement occupés de leurs filets ou de la culture de leurs oliviers et de leurs vignes, ignorent les douceurs de la société et de la conversation ? […] Je jouis par le souvenir de tout ce que j’ai aimé, de la société de tous les amis avec lesquels j’ai vécu et de ceux qui sont morts avant ma naissance et que je ne connais que par leurs ouvrages. » Cette amitié avec les morts est le besoin comme elle est la consolation de toutes les grandes âmes. […] L’homme de génie universel a pour contemporains tous ceux qu’il admire : c’est la société des fidèles à travers les temps. […] Vous connaissez ma maison : elle est en très bon air ; ma société : il n’y en a pas de meilleure. […] Une société de philosophes vénitiens, jusque-là ses amis et ses disciples, avaient puisé dans le contact de Venise avec l’Orient et la Grèce un grand mépris pour le christianisme et un grand culte pour Aristote.

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