Cette révolution commença bientôt en effet ; mais elle se fit d’abord un peu à part, et hors de la voie commune de la société ; elle se prépara sur les hauteurs et ne descendit pas du premier jour dans la grande route que suivait cette société rajeunie. […] La révolution qu’ils préparaient de ce côté n’était pas descendue encore ; elle avait, pour cela, quelque chose de trop particulier à la nature de ces deux grands génies et de trop artificiel par rapport à la société. […] La société, d’après l’organisation factice qu’elle contractait sous l’empire, n’était pas capable d’accueillir la révolution de l’art, et l’art pur n’avait rien de mieux à faire que de se tenir encore quelque temps en dehors de cette société, qui, réactionnaire à la presque unanimité en littérature, trouvait une ample distraction aux bulletins de la grande armée dans les feuilletons de Geoffroy et dans les vers sémillants de l’abbé Delille. […] Libéraux de fait et de nature, même quand leurs opinions inclinaient en arrière, gens de caprice et d’indépendance, ils avaient en eux une sympathie toute créée et préexistante avec le mouvement futur de la société. Seulement ils voulaient l’harmonie, et comme la société d’alors n’était rien moins qu’harmonique, ils s’en prirent longtemps à l’esprit de révolution qui venait la troubler.