Il n’y a au-dessus d’un tel orateur que l’orateur-écrivain, qui lui-même n’a au-dessus de lui que les hommes divins auxquels il a été donné de fonder ou de conserver les sociétés humaines. […] Plus les sociétés humaines se rapprochent du plan divin, c’est-à-dire plus la liberté s’y meut dans l’ordre, plus ces sociétés sont grandes et prospères. […] Sa longue expérience, son profond savoir des choses de l’histoire et de la politique, lui avaient appris que, si les deux principes sont nécessaires à la bonne conduite des gouvernements modernes, ils le sont inégalement, les exemples étant nombreux de sociétés qui ont été prospères sans la liberté politique, tandis qu’on n’en cite pas un seul d’une société qui ait subsisté, fût-ce un seul jour, sans autorité. […] Quand je vis qu’il estimait assez peu ses contradicteurs pour leur faire offrir d’acheter leur silence, et que le seul moyen d’être de sa société c’était d’être de sa suite, je cessai mes visites. […] c’est qu’un tel homme, peu s’en faut que ce ne soit un Dieu, « n’y ayant aucune chose au monde », dit admirablement Cicéron, « où la vertu de l’homme se rapproche plus de la divinité, que lorsqu’il fonde des sociétés nouvelles, ou qu’il conserve les sociétés établies ».