Pendant les siècles, déchirés par les querelles religieuses, on a vu des hommes obscurs, sans aucune idée de gloire, sans aucun espoir d’être connus, employer tous les moyens, braver tous les dangers, pour servir la cause qu’ils avaient adoptée. […] Un siècle, une nation, un homme, sous le seul rapport des lumières, sont très longtemps à se relever du fléau de l’esprit de parti. […] L’injustice décourage de la recherche de la vérité ; la gloire est rarement contemporaine, et la renommée elle-même est tellement investie par l’esprit de parti, que l’homme vertueux et grand peut ne pas obtenir son recours sur les siècles. […] Je commence par dire qu’il y a une époque de la révolution de France (la tyrannie de Robespierre) dont il me paraît impossible d’expliquer tous les effets par des idées générales, ni sur l’esprit de parti, ni sur toutes les autres passions humaines ; ce temps est hors de la nature, au-delà du crime, et, pour le repos du monde, il faut se persuader que nulle combinaison ne pouvant conduire à prévoir, à expliquer de semblables atrocités, ce concours fortuit de toutes les monstruosités morales, est un hasard inouï dont des milliers de siècles ne peuvent ramener la chance.