“Ces six mois célestes de ma vie”, comme je les appelle, ce mélange de sentiments tendres, fragiles et chrétiens, qui faisaient un charme, cela en effet ne pouvait durer ; et ceux de mes amis (il en est) qui auraient voulu me fixer et comme m’immobiliser dans cette nuance, oubliaient trop que ce n’était réellement qu’une nuance, aussi passagère et changeante que le reflet de la lumière sur des nuages ou dans un étang, à une certaine heure du matin, à une certaine inclinaison du soir. » II Mais ce que j’ignorais et ce que votre Préface m’apprend, c’est que le sceptique le plus résolu et le plus cynique du siècle, Beyle, l’auteur le plus spirituel de ces derniers temps, l’homme en apparence le plus antipathique à ce spiritualisme pieux dont les Consolations étaient débordantes, eut des rapports d’enthousiasme avec vous, et vous tendit les bras dès qu’il les eut lues. […] Elle a foi dans son vœu ; Elle ose la première à l’avenir en feu, Quand chassant le vieux Siècle un nouveau s’initie, Lire ce que l’éclair lance de prophétie. […] Votre critique ne s’est plus bornée au mot, comme celle de La Harpe, ce pédant estimable de la jeunesse ; la pédagogie n’est pas votre fait ; vous allez aux choses ; vous êtes moraliste plus que critique dans vos considérations, vous êtes le Quintilien des idées ; votre littérature est une histoire de l’esprit humain dans ces derniers temps ; votre Cours est le cours du siècle, et les anecdotes personnelles dont vous l’enrichissez le rendent aussi intéressant pour l’esprit qu’instructif. […] Il connut Virgile, il l’apprécia et le protégea ; la reconnaissance du poète a chanté, et le nom de Pollion est devenu immortel et l’un des beaux noms harmonieux qu’on est accoutumé à prononcer comme inséparables du plus poli des siècles littéraires. […] Le cri de tendre douleur qui lui échappa alors, il l’a mis dans la bouche de son berger Mélibée, et ce cri retentit encore dans nos cœurs après des siècles : « Est-ce que jamais plus il ne me sera donné, après un long temps, revoyant ma terre paternelle et le toit couvert de chaume de ma pauvre maison, après quelques étés, de me dire en les contemplant : “C’était pourtant là mon domaine et mon royaume !