Il rend injuste envers les grands hommes de son propre siècle, et rapetisse Molière pour agrandir Shakespeare ; la vérité est la juste mesure. […] La reine Élisabeth, qui se proclamait protectrice des arts et des lettres, ne fit aucune attention à lui ; son pays l’oublia pendant près de deux siècles ; sa grande gloire d’aujourd’hui ne fut qu’une lente réaction du temps. […] Non ; Molière commença comme tout commence, comme Shakespeare lui-même, par balbutier, tâtonner, hésiter ; puis il suivit laborieusement et pas à pas, tantôt heureux, tantôt malheureux dans sa conception, le goût de son siècle et l’ornière des événements de sa vie, jusqu’ici triomphe où la mort jalouse le prit et l’enleva pour l’immortalité. […] Encore en est-il bien, dans le siècle où nous sommes… ALCESTE. […] La scène a répondu à notre attente ; elle a été tout ce qu’elle devait être entre un homme déchaîné contre les vices du siècle, qui a le malheur de s’être passionné pour une femme atteinte de quelques-uns des plus haïssables, et cette même femme qui, dévorée du désir de subjuguer tous les cœurs, doit attacher un grand prix à soumettre et à conserver le cœur du sauvage Alceste.