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1696. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Que les auditeurs, après notre petit drame, se fassent, s’ils le veulent, la leçon à eux-mêmes ; notre seul devoir est de leur en fournir l’occasion. […] Les mots les plus familiers et les plus originaux sont accourus sur les lèvres, parce que seuls ils peignent tout l’objet d’un seul coup. […] Nul caractère ne s’y montre en même temps tout entier : le temps en éparpille les parties, et ne dévoile jamais à la fois qu’un seul coin du tableau ; aujourd’hui un sentiment, demain, un autre. […] Nous nous arrêtons à mi-chemin et l’imagination seule pousse jusqu’au bout de la carrière. […] Sa sottise ou sa grandeur, accumulée sur un seul point, se centuple ; la figure la plus vulgaire devient expressive, et intéresse, parce que l’esprit y aperçoit toute une vie en raccourci.

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