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1402. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Ne nous étonnons pas si le génie est singuliérement ami de la liberté, il a en horreur le despotisme, il redoute ses caprices & ses absurdités ; il lui faut des objets qui puissent nourrir & fortifier sa propre élevation ; voilà pourquoi il a fleuri sous le Ciel pur de la Grece, & qu’il a fui ces Etats où un seul homme est tout, & où par conséquent tout le reste est vil(b). […] le desir généreux de venger ses freres de l’attentat des méchans enflamme son courage(a), & si vous croyez que la vanité seule conduit sa plume, hommes ingrats, regardez les persécutions qu’il essuie, son exil, sa vie errante, ses malheurs. […] La plupart des hommes ne pensent que d’après l’habit qu’il portent ; leur profession crée leurs idées ; celui qui a rompu les liens nuisibles au progrès de la raison paroît seul posséder un jugement libre que rien ne tyrannise : Accoutumé à renfermer ses desirs dans le cercle de ses besoins réels il n’en aura point d’illimités. Il sent que les dons de la Nature les seuls biens véritables sont la santé, la joie, la tendresse, la tranquillité de l’ame, & il soutiendra sans douleur toute autre privation, parce que sa raison aura reglé cette intempérance d’imagination qui fait l’inquiétude des autres hommes. […] Ceci regarde les Orientaux, Peuples soumis à la volonté arbitraire d’un seul homme, & qui d’après l’expérience n’ont jamais excellé dans les Arts qui font l’honneur de l’humanité.

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