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560. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Voici le début de ce dernier recueil Après avoir passé tant d’étranges traverses, Après avoir servi tant de beautés diverses, Avoir tant combattu, travaillé, supporté, Sous la charge d’Amour, le guerrier indompté, Je pensois à la fin, rompu de tant de peine, Avoir eu mon congé de ce grand capitaine, Me retirer chez moi, remporter ma raison. […] J’imagine que c’est pour des vers comme ceux qui suivent que Malherbe s’adoucissait118 ; il s’agit de la justice de saint Louis : Lui voyant ces abus ouvrir ainsi la porte Aux lamentables maux que l’injustice apporte Le bon droit ne servir, le tort ne nuire en rien. […] Tout reconnut ses lois, et ce guide fidèle Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle. […] Les odes de l’un avaient eu le tort de servir de modèles à la poésie savante ; les sonnets de l’autre étaient coupables de toutes les fadeurs de la poésie amoureuse. […] D’une autre : « Ceci est dit sans jugement. » D’une autre : « Sot et lourd. » D’un latinisme « La langue latine se sert de cette épithète mais la françoise, non. » D’un tour prétentieux : « Ceci pipe le monde, et ce n’est rien qui vaille. » D’un pétrarchisme : « Ceci est sans jugement, n’en déplaise à l’italien où il est pris. » D’un autre : « Bourre excellente, prise de l’italien, où elle ne vaut non plus qu’en françois. » D’une mauvaise rime : « Rime gasconne et provençale, mais non pas française » ; et cent autres de ce genre : Étrange oisonnerie, niaiserie, pédanterie, mal, très-mal, impertinent ; critiques peu civiles, j’en conviens, mais dont l’exactitude est d’autant plus admirable qu’il était plus difficile de voir juste à une époque où tant d’imitations pouvaient troubler le sens le plus sûr, et où la faveur publique protégeait la mauvaise poésie.

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