Il appartient à cette classe d’écrivains qui se servent de la plume de tout le monde pour ne dire que ce que tout le monde dit. […] A côté de Perrault d’abord, puis de Lamotte, un homme qui se servait d’eux encore plus qu’il ne les servait, Fontenelle, faisait la guerre aux anciens, à sa manière, par des réflexions aiguisées et d’ingénieux paradoxes, plutôt que par des manifestes. […] Beaucoup d’esprit peut servir également à se connaître et à s’ignorer. […] Un an avant de se donner ce contentement trop peu digne de lui, la Bruyère écrivait les belles pages où il fait servir les vérités de l’astronomie à la démonstration de l’existence de Dieu. […] Fontenelle ne triomphe pas des travers des savants ; il omet tout ce qui sert à la malice sans servir à l’exemple : mais il est plein de détails sur les qualités, et il ne manque aucune occasion de faire voir quel lustre la vérité reçoit des mœurs aimables ou fières, des vies pures et cachées, des belles morts de ceux qui se dévouent à la chercher.