Soyons de bonne foi : uniquement parce qu’il y a des hommes, d’ailleurs de talent, qui n’ont pas senti notre poésie versifiée, cela prouve qu’elle n’est pas notre seule poésie, car le propre de la poésie est d’être sentie par tous. […] Voyez, en effet, comme nous avons besoin déjà de nous transporter au temps où notre littérature classique et nationale a paru tout à coup avec tant d’éclat, si nous voulons l’apprécier et la sentir, du moins en partie. […] Mais je demande si déjà nous n’avons pas besoin de nous rappeler la personne même de Bossuet, et l’assemblée imposante devant laquelle il parlait, et l’autorité de sa parole, fortifiée par le caractère auguste dont il était revêtu, et l’empire irrésistible de doctrines non contestées, et toutes les gloires et toutes les renommées de cette époque si brillante, et tous les souvenirs de la vieille monarchie, pour sentir les éminentes beautés de l’Oraison funèbre du grand Condé. […] Ne sent-on pas qu’elle ne reprendra plus ces attitudes si naïvement majestueuses qui lui furent données par le prophète des temps modernes ?