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1013. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Ce sont des choses charmantes où l’on sent bien qu’il n’y a pas un grain d’amour un peu profond. […] Il l’a aimée de cette charmante amitié amoureuse qui nous a donné de si aimables ouvrages, et il l’a aimée, je crois, autant qu’il pouvait aimer ; bien entendu, c’est un peu pour cela que je vous lis ce passage ; mais encore cela ne sent pas l’homme aux passions profondes. […] Croyez-vous que Benserade que vous connaissez un peu, mais que vous connaissez surtout par ce que l’on en cite, c’est-à-dire par des épigrammes tout à fait amusantes, par des madrigaux très spirituels, par toutes ces choses qui sentent les odeurs capiteuses de la cour, mais point du tout la passion vraie ; croyez-vous que Benserade a fait un jour une petite pièce que j’ai encore le temps de vous lire et qui me paraît sonner le sentiment vrai ? […] Ne sentirai-je plus de charme qui m’arrête ? […] Personne, si ce n’est le grand Montaigne, n’a parlé de l’amitié comme La Fontaine et ne l’a sentie aussi profondément, et il n’y a pas sur ce point de plus grand éloge à faire d’un homme que de le comparer à Montaigne.

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