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731. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Parfaitement honnête homme et homme d’honneur dans son procédé et ses actions, il n’avait pas, en écrivant, la même mesure morale que nous ; il voyait de l’hypocrisie là où il n’y a qu’un sentiment de convenance légitime et une observation de la nature raisonnable et honnête, telle que nous la voulons retrouver même à travers les passions. […] Dans le genre plus classique de Didon et d’Ariane, dans les romans du ton et de la couleur de La Princesse de Clèves, on prodigue moins les balles et les coups mortels, on a les plaintes du monologue, les pensées délicates, les nuances de sentiment ; quand on a poussé à bout l’un des genres, on passe volontiers à l’autre pour se remettre en goût ; mais, abus pour abus, un certain excès poétique de tendresse et d’effusion dans le langage est encore celui dont on se lasse le moins. […] Depuis que Beyle taquine la France et les sentiments que nous portons dans notre littérature et dans notre société, il m’a pris plus d’une fois envie de la défendre. […] Pauline, dans Corneille, me représente bien l’idéal de cet amour, où il entre des sentiments divers, et où l’élévation et l’honneur se font entendre. […] Il songeait sans cesse au ridicule et à n’y pas prêter, et M. de Balzac n’en avait pas même le sentiment.

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