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2013. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Le reste de la troupe était occupe à conduire le troupeau de bœufs qui semblaient se révolter d’être faits prisonniers, tandis que les hommes qui se trouvaient dans le même cas marchaient tristement la tête baissée, comme attendant et se préparant au coup qui devait bientôt la faire rouler dans la poussière. […] Nous montrons l’un des deux aussi au vif et aussi avant que nous le pouvons ; voilà tout. — Arrivant au genre d’éducation même que Delaroche semblait vouloir donner à ses fils, éducation toute choisie, toute délicate et de gentilshommes, Horace trouvait à y redire ; et certes, en pareille matière, il ne nous appartient non plus, à aucun degré, de prendre parti entre le beau-père et le gendre, et un gendre si lettré, si éclairé ; mais ce qu’il nous est permis de remarquer, c’est la nature et l’inspiration des conseils donnés, conseils tout paternels et quasi de patriarche. […] Horace avait dès lors donné tout ce qu’il pouvait de meilleur et de plus grand, il ne se survivait pas, mais il n’avait plus à se surpasser ni à s’égaler, il le sentait et l’exprimait dans l’intimité avec bien de la franchise, lorsqu’il écrivait en 1855 à une amie34, en lui annonçant qu’il allait se remettre au travail : « Avec le retour du beau temps j’espère pouvoir reprendre assez d’activité pour conjurer les attaques que l’idiotisme semble diriger contre moi, depuis que sa sœur la paresse m’engourdit de plus en plus. […] Une d’elles, qui le reconnaît pour étranger, s’approche, regarde et lui dit : « Mais il me semble que ce n’est pas tout à fait ça. » Elle avait le droit de se croire très forte sur son lac Léman qu’elle voyait tous les jours.

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