C’était une courtisane, s’il faut le dire tout d’abord ; une de ces femmes de trouble et de vertige qui semblent nées, suivant la magnifique expression du duc de Saint-Simon, pour faire, de par le monde, « les plus grands désordres d’amour ». […] La sirène semble lavée dans des eaux lustrales ; elle y attire l’imprudent trompé par leur transparence. […] L’esprit y fait rage, un esprit qui semble avoir hérité de l’habit magnifique et fou du duc de Buckingham, qui pleuvait des perles. […] Revue à distance, elle semble moins touchante, moins sincère peut-être : la lorette de métier reparaît dans la courtisane amoureuse. […] Nous citions l’Anthologie tout à l’heure : on se rappelle, devant cette élégante agonie, les gracieuses épitaphes de courtisanes grecques qu’elle nous a transmises, et qui semblent tracées par le doigt même de l’Amour : — « Je renferme Laïs, la belle citoyenne de Corinthe, qui vécut dans l’or et la pourpre, plus recherchée et plus délicate que Vénus elle-même.