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1190. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Louis XIV lui-même semblait hésiter : « Jamais reine de France, disait-il, n’a rien fait de semblable. » C’est par là en effet, et seulement par là, que Mme de Maintenon prétendait manifester sa prochaine, sa secrète et efficace royauté. […] Un autre esprit, bien meilleur et plus sûr, Mme de Glapion, était elle-même légèrement atteinte : « Je me suis bien aperçue, lui écrivait Mme de Maintenon, du dégoût que vous avez pour vos confesseurs : vous les trouvez grossiers ; vous voudriez plus de brillant et plus de délicatesse ; vous voudriez aller au ciel par un chemin semé de fleurs. » Mme de Glapion trouvait le catéchisme un peu terre à terre, un peu court sur de certains points ; il lui semblait ridicule « que le maître fît des demandes dignes d’un écolier, et que l’écolier fît des réponses d’un maître ». […] Mme de Maintenon cherche à prémunir ses filles contre les périls qu’elles ont déjà rencontrés : « N’ayez ni fantaisie ni curiosité pour chercher des lectures extraordinaires et des ragoûts d’oraison. » — « Il y a une grande différence entre connaître Dieu par la science, par la pointe de l’esprit, par la subtilité de la raison, par la multiplicité des lectures, ou le connaître par les simples instructions du christianisme. » Dans le blanc des lignes, il me semble lire en caractères plus distincts : « Surtout pas trop de Racine, et plus jamais de Fénelon !  […] Lavallée, s’était si complètement immobilisé dans le passé, qu’on y tombait brusquement de Mme de Maintenon à Mirabeau. » Depuis ce jour-là, depuis l’abolition des titres de noblesse, il semblait qu’il n’y eût plus d’incertitude que sur le jour précis où l’institut devait périr. […] Son frère, Napoléon de Buonaparte, officier d’artillerie, voyant qu’après le 10 Août les décrets de l’Assemblée législative semblaient annoncer ou plutôt confirmer la ruine de cette maison, se rendit à Saint-Cyr dans la matinée du 1er septembre 1792, et fit tant, par ses démarches actives auprès du maire de la commune, puis auprès des administrateurs de Versailles, qu’il obtint le jour même d’emmener sa sœur, dont il était comme le père et le tuteur, afin de la reconduire en Corse dans sa famille. — Il ne devait plus revenir à Saint-Cyr, converti par lui en Prytanée français, que le 28 juin 1805, déjà empereur et maître de la France, regardant d’égal à égal Louis XIV.

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