/ 2186
1226. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Vers le quatorzième siècle, sous les coups d’Occam, cette science verbale elle-même se décrépit ; on reconnaît que ses entités ne sont que des mots ; elle se discrédite. […] Chacun traverse à son tour et machinalement le petit pays des chicaniers râpés, s’écorche dans les broussailles des ergotages et se charge d’une dossée de textes : rien de plus ; le vaste corps de sciences qui devait former et vivifier toute la pensée de l’homme s’est réduit à un manuel. Ainsi peu à peu, par degrés, la conception qui féconde et régit les autres s’est desséchée ; la profonde source d’où ruissellent toutes les eaux poétiques est vide ; la science ne fournit plus rien au monde. […] Vous trouverez là une exposition de la science hermétique, un cours sur la philosophie d’Aristote, un traité de politique, une kyrielle de légendes antiques et modernes ramassées dans les compilateurs, gâtées au passage par la pédanterie de l’école et l’ignorance du siècle. […] Âge triste et morne, amusé par des divertissements extérieurs, opprimé par une misère plate, qui souffre et craint sans consolation ni espérance, situé entre l’esprit ancien dont il n’a plus la foi vivante, et l’esprit moderne dont il n’a pas la science active.

/ 2186