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2339. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

En tant qu’on se préoccupe de la morale par elle-même, il faut la prendre où elle brille le mieux, où elle a son caractère le plus saillant et le plus incontestable, là enfin où elle a le plus régné sans s’appuyer sur cette robuste et grossière épaule des religions, dont elle n’a plus besoin pour aller toute seule à présent… Or, qui ne le sait ? […] Martin emprunte la traduction, se servait du bâton avec avantage, car un jour, trouvant son meilleur ami d’enfance, vieux et assis à l’orientale, sur ses talons, au bord d’un chemin : « Qui, vieux, ne sait pas mourir, ne vaut rien », dit l’aimable sage, et il frappa en perfection le trop vivant bonhomme, tant la Chine, jusque par la main de ses sages, a l’habitude de badiner avec le bambou ! […] Est-ce que dernièrement encore l’immense caricature n’a pas tourné au tragique, et avions-nous besoin de cela pour savoir ce qu’ils ont dans le ventre, ces poussahs au cerveau figé et à la poitrine vide de tout sentiment d’humanité et d’honneur ? […] La niaiserie même de cette morale lui échappe, car, vous le savez, le Truism soleille en Orient ; la bêtise a dans ces contrées la beauté et la grandeur du climat, et les Chinois en particulier (à un très petit nombre près de proverbes qui font exception au reste de leur littérature), les Chinois sont d’incommensurables La Palisse.

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