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2180. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Ce Fabuliste est comme un Statuaire habile, qui sait former une figure accomplie d’un bloc informe & grossier, lequel, sans son ciseau, n’auroit eu qu’une existence obscure. […] La Fable du Statuaire, celle du Chêne & du Roseau, celle du Paysan du Danube, & une infinité d’autres, ne sont-elles pas des créations d’un esprit qui sait s’élever, dès que son sujet exige de la noblesse, de la force, de l’enthousiasme ? […] Marmontel, qui juge quelquefois sainement des grands Maîtres, dit, en parlant de Lafontaine, que nous n’avons pas de Poëte plus riant, plus fécond, plus varié, plus gracieux, & plus SUBLIME ; il recommande la lecture de ses Fables aux jeunes Poëtes, pour en étudier la versification & le style ; où les Pédans, ajoute-t-il, n’ont su relever que des négligences, & dont les beautés ravissent les hommes de l’Art les plus exercés & les hommes de goût les plus délicats * . […] Tout le monde sait combien le repentir expia ces écarts de son imagination, quand on eut dissipé sa sécurité : Vrai dans tous ses Ecrits, vrai dans tous ses Discours, Vrai dans sa pénitence à la fin de ses jours, Du Maître qui s’approche il prévient la justice, Et l’Auteur de Joconde est armé du cilice*.

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