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210. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Dans les notes conservées au Dépôt de la guerre, et dont j’ai dû communication à l’amitié du savant conservateur des Archives, M.  […]  » La campagne d’Iéna, comme celle d’Ulm, « devait servir de modèle un jour pour apprendre aux généraux l’art de réunir à propos leurs forces, et de les diviser ensuite quand elles ont frappé : je dis modèle, si tant est qu’il y en ait à pareil jeu ; car tout jeu savant suppose le joueur, tout art suppose essentiellement l’artiste ; et la variété, la nouveauté dans l’application, qui se différencie et recommence sans cesse à chaque cas imprévu, c’est l’habileté souveraine, c’est le génie35. […] J’ai moi-même entendu raconter au marquis de Saint-Simon, qui était de cet état-major, combien ces jeunes officiers brillants, étourdis autant que braves, s’isolaient de Jomini, de ce confident du maréchal : il avait à leurs yeux le tort d’être à la fois étranger, savant et non viveur. […] Peut-être le savant et le virtuose de guerre se laissa-t-il trop voir, comme lorsqu’il s’échappa à dire à un moment, en apercevant les fautes, les manques d’ensemble et de suite de l’ennemi : « Ah ! […] À Eylau et dans toute cette campagne d’hiver en Pologne, les conditions d’une guerre régulière, raisonnée, savante, d’une stratégie dirigée par le conseil (consilium) et serrée de près dans l’exécution, étaient dépassées.

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