C’est qu’en effet il n’y en a point de plus figurative que ce sommeil et ce réveil alternatifs des paupières et de l’esprit de l’homme, qui attestent le cours régulier et paisible de son sang, ruisseau de sa vie. […] » fait-il dire à Jéhovah ; « est-ce que je bois le sang des boucs ? […] Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de ce barde sacré ; et, si l’on remonte à l’époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l’on pense qu’alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que le vin, l’amour, le sang et les victoires des mules et des coursiers dans les jeux de l’Élide, on est saisi d’un profond étonnement aux accents mystiques du berger-prophète, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui comprend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséricordes, et qui semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces paroles du Christ avant de les avoir entendues. […] Faut-il avoir, dans ces collines, Laissé son sang sur les épines, Déchiré ses pieds au buisson ?