: « Une haute naissance nous prépare, pour ainsi dire, aux sentiments nobles et héroïques qu’exige la foi ; un sang plus pur s’élève plus aisément ; il en doit moins coûter de vaincre leurs passions à ceux qui sont nés pour remporter des victoires75. » Vous tombiez tout à l’heure dans l’exagération de la menace, vous tombez dans l’exagération de la flatterie, maintenant ; et nous voilà bien loin, en deux pas, du sermon Sur le mauvais riche. […] On a vu que ce fut le cas sous cette administration de Malesherbes, et justement parce que de tous les hommes qui dirigèrent au xviiie siècle ce même département de la librairie nul ne fut plus accessible à la distinction du talent, plus indulgent à cette irritable vanité dont il ne faut pas médire, puisqu’elle est le ressort même de l’artiste et de l’écrivain, plus désireux enfin d’accorder ce qu’il y a de plus difficile à concilier au monde : la liberté pour chacun de parler comme il pense, et le droit pour les autres de ne pas être inutilement blessés dans des opinions auxquelles ils sont nés en même temps qu’à la lumière, qui font en quelque sorte partie de leur chair et de leur sang, et dont ils aiment mieux mourir (on en devait avoir la preuve aux mauvais jours de la Révolution) que de se laisser dépouiller.