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500. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Parmi les saints, il ne pratique guère que les mystiques, et ne s’autorise, dans leurs livres, que des doctrines que la sainteté des auteurs ou l’obscurité de la matière a protégées contre les suspicions de l’Église établie. […] Déjà une certaine morale psychologique et des procédés d’éloquence remplacent ce commentaire passionné des saintes Lettres, cet enthousiasme de la tradition, qui dans les sermons de Bossuet égale les pensées du prêtre à celles que les Livres saints prêtent à Dieu. […] En politique, il a le mauvais rôle : le livre de la Politique selon l’Écriture sainte paraît le livre des tyrans, comme le Télémaque paraît celui des bons princes et des peuples libres. […] Combien j’aime mieux Bossuet, retenu dans la liberté du confesseur par son respect pour la personne du pénitent ; n’attaquant les vices des princes que sur l’autorité des livres saints, dont la hardiesse couvre la sienne et la rend respectueuse et décente ; sachant enfin interroger les consciences royales sans les fatiguer de sa pénétration implacable, sans les embarrasser par sa défiance ! […] Mais telle est l’excellence de l’art dans cette fiction que, loin d’y être choqué de voir des héros païens heureux à la manière de nos saints, on croit lire quelques pages sublimes de Platon, rêvant pour l’âme de Socrate, délivrée des liens terrestres, quelque félicité proportionnée à son intelligence et digne de sa vertu.

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