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499. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

C’est Néron, que le poète a pris tout vif à l’histoire ; c’est Acomat, qu’il a inventé tout entier ; c’est Joad, dont les livres saints lui avaient fourni l’énergique esquisse. […] Leur antiquité, la mode, qui peut s’attacher même à des règles, en faisaient de son temps une chose sainte. […] L’invention, ç’a été de trouver dans un des plus tragiques événements de l’Histoire sainte une tragédie aux conditions où la voulait Racine, avec toutes les vraisemblances qui font d’une fable une réalité. Les livres, saints lui offraient, dans l’enceinte de la même ville, deux familles de race royale séparées par la haine et le meurtre, l’une victorieuse et sur le trône, l’autre vaincue, mais restée maîtresse de la religion nationale, gardant au fond du temple le roi légitime, et tolérée parce qu’on la croyait faible. […] Ce n’est pas l’artifice du poète qui enferme tous ces personnages dans la même action, dans le même lieu, dans la même heure ; c’est la nature des choses : c’est la terrible fatalité des livres saints qui livre le méchant au Dieu de la guerre et des vengeances.

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