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498. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Lorsque sa mère faisait sur lui ce signe de croix que la Philosophie n’a jamais pu effacer, Lyon, la cité des martyrs, la ville de saint Pothin, de saint Attale et de sainte Blandine, se mourait sous le fer et le feu. […] Audin, le plus intéressant et le plus savant des biographes modernes (car la Vie de Rancé par Chateaubriand, cet orgueil de dégoûté qui se raconte, en racontant l’humilité d’un saint, n’est qu’une sublime flânerie d’un grand poète à travers l’histoire), Audin a quelquefois porté son regard par-dessus le cadre dans lequel il aimait à le ramasser, et l’étendue de l’horizon qu’il a embrassé montre bien que, s’il avait voulu, il aurait pu s’arracher à l’encoignure d’une biographie. […] Nous sommes arrivés à cette heure de civilisation où la vérité doit être dite avec une sainte impudence, j’allais presque écrire une sainte impudeur ! […] Audin, le plus sensible et le plus aimable des hommes, a voué une espèce de culte passionné à ce pontife, magnifique et doux, qui avait pris pour armes un joug d’or avec ces paroles : « Mon joug est léger. » Ravi par les arts et les lettres humaines, qu’il a toujours adorées, mais, selon nous, surfaisant beaucoup trop leur prix, Audin a cru que la civilisation du monde (un grand mot bête de ces derniers temps) gisait dans quelques palimpsestes ou quelques marbres retrouvés, et que Léon représentait cette civilisation parce qu’il avait richement payé ces palimpsestes ou fêté ces marbres comme il aurait fêté des saints !

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