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225. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Marc-Aurèle, un sage selon l’ancien modèle (et selon l’ancien modèle approchant aussi près que possible du nouveau), est sur le trône ; il permet, il laisse s’accomplir en son nom cette persécution atroce contre de simples fidèles dont la plus magnanime est une jeune esclave, sainte Blandine. […] Né à Bordeaux, d’une famille illustre et opulente, d’abord célèbre comme avocat et comme poète, Paulin, durant un séjour de quelques années qu’il fit eu Espagne, arriva aux idées religieuses et y fut confirmé par les conseils de son épouse, Therasia, sainte personne avec laquelle il finit par vivre comme avec une sœur. […] Le duc de Luynes, retiré un moment parmi les solitaires de Port-Royal et veuf de sa sainte épouse, y traduisait, pour se consoler et s’édifier, quelques lettres de saint Paulin : « Paulin et Théraise, pécheurs, aux saints et très-chers frère et sœur en Jésus-Christ, Apre et Amande 13. » La littérature chrétienne, dans sa rudesse de forme, triomphe décidément : elle seule a assez de vie pour lutter avec les calamités qui menacent le monde et pour prendre racine dans la tempête. […] Posthumianus, qui a visité les moines de la Thébaïde dans leurs solitudes, fait d’abord un récit de tout ce qu’il y a vu ; après quoi, s’adressant à Sulpice, il le prie de lui raconter les traits de la vie de saint Martin, qu’il avait omis dans sa biographie de ce saint ; mais Sulpice, écartant de lui cette tâche, la rejette sur Gallus, comme particulièrement apte à la remplir eu sa qualité de disciple du saint évêque. […] Elle se faisait avant la mort de madame son épouse, et ils étaient résolus de s’y retirer tous les deux et d’y passer le reste de leurs jours, y vivant comme saint Paulin et sa femme sainte Thérèse (Thérasie)… » 14.

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