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1097. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Le sanscrit, l’arabe, le grec, même le grec moderne et vulgaire, l’allemand, les langues romanes, l’italien comme s’il était de Florence, que n’apprit-il pas durant les vingt premières années du siècle qu’il passa sans presque rien produire et accumulant sans cesse ? […] Il y avait chez lui un poète in petto qui reparaissait à l’improviste, au moment où l’on s’y attendait le moins ; qui chantait le Nil, Thèbes et Memphis, au sortir de l’explication d’un hiéroglyphe ; qui soupirait une plainte élégiaque dans le temps qu’on le croyait tout occupé de perfectionner un essai de grammaire romane. […] Puis, touchant avec son art délié la fibre du cœur, elle indiqua légèrement qu’il y avait eu lieu peut-être à des sentiments émus, que du moins elle aurait pu craindre, si cela s’était prolongé, un commencement de roman pour un cœur poétique, car sa nièce, alors toute jeune, était près d’elle. […] Il lui fut donné pendant des années, et sauf quelques intervalles de congé et d’école buissonnière qu’il avait besoin de s’accorder de temps en temps88, de parcourir en entier plusieurs fois toutes les périodes, tous les stades de notre histoire littéraire depuis les origines latines et romanes jusqu’au xviiie  siècle. […] Les beaux articles sur le Roman de la Rose, sur Joinville, sur Amyot, ces chapitres détachés d’un cours qui était tout composé et tissu de semblables morceaux furent arrachés de temps en temps à l’auteur par la Revue des Deux Mondes, et ils sont faits pour donner la mesure de ce qu’on n’a pas.

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