Pourtant, lorsque je lis ces noms nouveaux de Rufinus, de Paul le Silentiaire, du consul Macédonius et de bien d’autres, je me sens toujours en garde ; malgré le dédain persistant et la prévention bien établie du goût grec contre l’influence romaine, je ne puis m’empêcher de soupçonner le mélange. Nous voyons dans les Lettres de Pline tant de jeunes Romains faire des vers grecs en perfection, qu’il a dû s’en glisser plus d’un morceau dans le choix de ces poëtes attiques de la décadence. […] Rien de cela n’était possible dans la Couronne de Méléagre tressée et close avant la grande époque poétique romaine, au temps de l’enfance de Cicéron. […] Il paraît qu’il fut amoureux de quelque Romaine peu lettrée, et il disait dans une jolie épigramme que je traduis un peu librement : « O pied, ô jambe, ô contours accomplis pour lesquels ce m’a été raison de périr, ô épaules, sein, col délié, ô mains, ô petits yeux qui font mon délire, ô mouvements divins, petits cris, baisers suprêmes ! […] Persée fut bien amoureux de l’Éthiopienne Andromède. » Opique est un mot par lequel les Grecs désignaient assez injurieusement les Romains.