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2135. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Leclerc, dit-il à Paradol, une thèse sur les Fables de La Fontaine ; il me semble qu’on peut dire là-dessus beaucoup de choses neuves, l’opposer aux autres fabulistes qui ne veulent que prouver une maxime ; la fable devenue drame, épopée, étude de caractères, caractère du roi, des grands seigneurs, etc. ; opposer le génie de La Fontaine, grec et flamand, à celui du siècle. » Là-dessus il partit pour Paris où l’attendait une nomination qui équivalait à une révocation. […] « Que ne me prends-tu sur ton aile, roi de l’air, sans peur, sans fatigue, maître de l’espace, dont le vol si rapide supprime le temps ! » N’y a-t-il pas là trois coups d’aile, courts, vigoureux : « roi de l’air, — sans peur, — sans fatigue », — un quatrième plus large et plus fort, « maître de l’espace », et l’oiseau file en planant, les ailes immobiles et étendues, — « dont le vol si rapide supprime le temps. » Changez un seul mot à ces phrases, même le plus inutile au sens, et vous en détruirez la valeur aussi bien qu’en ôtant une note à une phrase musicale.

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