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637. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Je cite ces deux noms à dessein, parce que le chevalier s’y est à jamais associé d’une manière fâcheuse et presque ridicule, et il serait trop rigoureux vraiment de le juger par là. […] Je n’ai pas dissimulé les torts et infime les petits ridicules du chevalier, et j’ai le droit, ce me semble, d’en venir maintenant à ses mérites ; ils sont très-réels, très-fins, et ce m’a été un si sensible plaisir de les découvrir que je voudrais le faire partager. […] Chez nous, Mme de Sévigné l’a écrasé d’un mot, pour avoir osé critiquer Voiture : « Corbinelli, dit-elle59, abandonne le chevalier de Méré et son chien de style, et la ridicule critique qu’il fait, en collet-monté, d’un esprit libre, badin et charmant comme Voiture : tant pis pour ceux qui ne l’entendent pas !  […] En même temps il reconnaissait son charme, qui faisait qu’on lui restait attaché malgré tout : « Si cela vous paroît peu vraisemblable à cause que vous m’avez extrêmement négligé, lui disait-il, je vous apprends qu’entre vos merveilleuses qualités qui font tant de bruit, vous en avez une que je regarde comme un enchantement : c’est que les gens de bon goût qui vous ont bien connue ne vous sauroient quitter, de quelque adresse que vous usiez pour vous en défaire, et j’en suis un fidèle témoin. » Tout cela est finement observé et n’est pas du tout ridicule.

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