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498. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Et d’ailleurs, en admettant les conditions les plus favorables au progrès de l’art du théâtre, la lecture offrirait toujours un aliment incomparablement plus riche à cause de sa variété infinie, à cause des profondeurs qui ne lui sont jamais interdites et à cause de cette délectation incomparable qu’est le style d’un récit. […] Même aux jours de premières les salles de spectacle sont pleines de riches fermiers des Pampas — de gros industriels de Saxe et de petites femmes bien parisiennes. […] Il entre beaucoup de choses dans la passion du théâtre : j’y découvre la passion de l’entr’acte et des potins de couloirs ; la passion des messieurs pour les jolies actrices ; la passion des spectatrices pour les acteurs élégants et séduisants ; la passion des dames « qui n’ont rien à se mettre » pour les modèles inédits exhibés sur la scène ; la curiosité cruelle de certains amateurs qui regardent vieillir nos gloires théâtrales ; le goût de montrer une robe nouvelle, un riche collier, des bagues somptueuses ou un habit bien coupé ; la satisfaction d’occuper une bonne place, tandis que le pauv’ peuple s’entasse au poulailler ; le désir de tuer le temps, entre le dîner et le souper, etc.

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