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1673. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Cette ville, d’après les aveux de ce troubadour épicurien, le vit se livrer avec une fureur nouvelle à sa passion pour le jeu, dont les chances lui furent si constamment et si cruellement défavorables, qu’en moins d’un mois il demeura, selon son expression, « vêtu comme notre premier père Adam sortit du paradis terrestre… Mais, ajoute-t-il, comme un homme n’est jamais pauvre tant qu’il a des amis, ayant Molière pour estimateur et toute la maison des Béjart pour amie, en dépit du diable, de la fortune, je me vis plus riche et plus content que jamais ; car ces généreuses personnes ne se contentèrent pas de m’assister comme ami, elles me voulurent traiter comme parent. […] À partir de ce succès, si le nom de Molière continuait à ne se trouver sous la plume d’aucun gazetier, il était dans toutes les bouches, et sa troupe, qui précédemment n’avait été appelée qu’une seule fois « en visite », comme on disait alors, c’est-à-dire à aller jouer la comédie dans une fête particulière, se vit, à dater de ce moment, conviée par les plus grands seigneurs et les plus riches financiers. […] Nous devons citer surtout, pour donner une juste idée de l’innocence, nous allions dire du crédit de cette expression dans le grand siècle, une réponse d’une dame Loiseau, bourgeoise riche et renommée pour la vivacité de ses saillies. […] Cette générosité de la part d’un comédien qui n’était pas riche me touche autant que la magnanimité d’un conquérant qui donne des villes et des royaumes. […] Suivant un docteur contemporain qui trahit plus d’une fois les secrets du métier, le spirituel Guy Patin, Daquin, attaché à la personne du Roi par la faveur de madame de Montespan, et congédié par madame de Maintenon, n’était « qu’un pauvre cancre, race de juif, grand charlatan…, véritablement court de science, mais riche en fourberies chimiques et pharmaceutiques ».

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