Nos âmes, aimantées par le génie et attirées par lui, mêlées à lui, sont fécondées par lui d’abord, et ensuite, si l’on ose ainsi parler, le fécondent à leur tour, en découvrant ou en ajoutant dans ses œuvres des effets nouveaux, auxquels lui-même n’avait pas directement songé, et qui ne pouvaient se produire que par la combinaison de tel ou tel siècle survenant, gros de ses éléments inédits et riche de ses complexités nouvelles. […] Le Cardinal donna à l’heureux auteur soixante pistoles (six cents francs), en lui disant que « c’était seulement pour ces vers, qu’il avait trouvés si beaux ; et que le Roi n’était pas assez riche pour payer le reste ». […] Cette sève normande, combinée avec la sève espagnole dans cette tragi-comédie du Cid, fait une complexion des plus intéressantes et des plus riches. […] Dans la musique par exemple, n’est-ce pas pour le public français, pour le public parisien, que Gluck, Mozart, Rossini, Meyerbeer, composeront leurs œuvres dramatiques les plus belles et les plus mûries, les plus riches et les mieux équilibrées, les plus variées et les plus parfaites ? […] Mais, dans cette architecture peu solide, le poète français a appliqué de belles colonnes avec de riches chapiteaux ; il a encastré de beaux bas-reliefs artistement et finement fouillés ; de sorte que l’insuffisance du fond disparaît sous la richesse des détails, la nouveauté, l’entrain et la gaieté du style.