Il est peut-être moins nécessaire pour un poète de posséder une langue très riche de mots qu’un sens inné, instinctif, de cette suggestion, dont j’ai parlé. […] Parfois même, comme une végétation trop riche, l’éloquence et son rythme balancé y étouffent un peu le souffle des aveux, et la respiration de la femme. […] Il dételle en pleine eau le char branlant et le cale, Met en pièces les roues riches et si prodigieuses en colonnes Étayant l’édifice avec les fûts qui scintillent. […] Lorsqu’elle se saisit d’un philosophe ou d’un écrivain, elle le recrée, selon son sentiment, le taille à sa mesure, élague les branches trop riches, ou en ajoute d’artificielles ; il devient ce qu’elle veut, et toujours autre chose que ce qu’il est.