Je laisse donc tous ces usages et ces abus qu’on a faits du nom de Sully au xviiie siècle, tous ces Sully accommodés à la Turgot, à la Necker, à la Bernardin de Saint-Pierre, pour revenir à l’homme tel qu’il se montre à nous dans l’histoire et dans ses Mémoires. […] Il y revient en mainte occasion ; aux heures de mauvaise humeur et de dépit, et dans toute circonstance critique, il s’en autorise pour persévérer auprès du roi de Navarre et pour s’encourager dans la cause qu’il a embrassée. […] Celui-ci, après être resté quelque temps dans la simple infanterie, passe dans la compagnie colonelle de M. de Lavardin et y sert en qualité d’enseigne ; mais bientôt il cède cette enseigne à un de ses cousins, et, ayant fait des épargnes de son revenu durant deux ou trois ans (car il est bon ménager de bonne heure), s’étant retranché durant ce temps à vivre de ses soldes, de ses profits et butins faits à la guerre, il s’arrange si bien qu’il peut figurer désormais comme gentilhomme, ayant ses gens et son équipage à lui, à la suite du roi de Navarre.