J’ai retrouvé, il y a peu de temps, cette composition d’enfant, écrite d’une écriture ronde et peu coulante, dans un des tiroirs du secrétaire en noyer de ma mère : mes maîtres la lui avaient adressée pour la faire jouir des progrès de son enfant. […] Tout le pays aime à la retrouver, le matin, où il l’a laissée le soir. […] Ils s’étaient rencontrés un jour par hasard dans ce site solitaire, poussés par le même instinct de solitude et de contemplation ; ils y avaient passé des heures d’entretien et de lecture agréables l’un avec l’autre ; le lendemain ils s’y étaient retrouvés sans surprise, et, depuis, sans s’y donner jamais de rendez-vous, ils s’y rencontraient presque tous les jours. […] venait à arrêter un moment ma plume, l’outil assidu que j’use pour eux, ces braves amis péricliteraient avec moi ; ils seraient obligés de chercher dans mes cendres leur fortune ; ils la retrouveraient tout entière, sans doute, mais ils ne la retrouveraient que sous mes démolitions.