/ 2363
1063. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

. —  De sorte que l’homme pervers,  — le farouche distributeur de richesses,  — lui et ses hommes,  — pendant tout le jour — s’enivrèrent de vin,  — jusqu’à ce qu’ils fussent tombés,  — gisants et soûlés ; — toute sa noblesse,  — comme s’ils étaient morts. » La nuit venue, il commande que l’on conduise dans sa tente « la vierge illustre, la jeune fille brillante comme une fée  » ; puis, étant allé la retrouver, il s’affaisse ivre au milieu de son lit. […] Le modèle qu’il s’est proposé l’opprime et l’enchaîne dans une imitation qui le rétrécit ; il n’aspire qu’à bien copier ; il fait des assemblages de centons qu’il appelle vers latins ; il s’étudie à retrouver les tournures vérifiées des bons modèles ; il n’arrive qu’à fabriquer un latin emphatique, gâté, hérissé de disparates. […] Quelques-uns, comme Adlhem, écrivaient des acrostiches carrés, où le premier vers, répété à la fin, se retrouvait encore sur la gauche et sur la droite du morceau ; ainsi formé par les premières et dernières lettres de tous les vers, il embrasse toute la pièce, et le morceau de poésie ressemble à un morceau de tapisserie. […] Maintes fois chez les autres, chez les légendaires, on retrouvera cette déformation du latin violenté par l’afflux de l’imagination trop forte. […] Cette épopée est commune aux races du Nord comme l’Iliade aux peuplades de la Grèce, et se retrouva presque tout entière en Allemagne dans les Niebelungen.

/ 2363