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657. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Tu ne peux rester plus longtemps ; je ne le souffrirai pas, je ne le supporterai pas, je ne le permettrai pas. […] Si tu es le premier qui aies essuyé un semblable affront, attends-tu que des voix s’élèvent contre toi, quand le silence seul, quand cet arrêt, le plus accablant de tous, t’a déjà condamné, lorsqu’à ton arrivée les sièges sont restés vides autour de toi, lorsque les consulaires, au moment où tu t’es assis, ont aussitôt quitté la place qui pouvait les rapprocher de toi ? […] Si tu veux m’imposer silence, ce n’est pas mes biens qu’il faut m’ôter : il faut m’arracher cette langue que tu crains, étouffer cette voix qui n’a jamais parlé que pour la liberté ; et, quand il ne me restera plus que le souffle, je m’en servirai encore, autant que je le pourrai, pour combattre et repousser la tyrannie.” […] Tout ce que la violence, tout ce que l’injustice et la fureur des scélérats ont pu m’arracher, m’a été enlevé, a été pillé, a été dissipé : ce qu’on ne peut ravir à une âme forte m’est resté et me restera toujours. […] Il nous restait à faire un assez long chemin.

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