Nos mœurs, disions-nous tout à l’heure, sont restées immobiles, et ont même opposé une grande force de résistance au mouvement des opinions… J’ajouterai à présent que cette même immobilité et cette même résistance se sont trouvées, chez nous, dans le domaine de la religion. […] Nos mœurs nous ont garantis du changement qui nous menaçait comme les autres états, au moment de l’invasion du protestantisme ; maintenant nous sommes dans l’heureuse nécessité de rester fidèles à la communion de nos pères. […] Les mœurs sont restées religieuses ; les opinions, au contraire, ont pris une direction sinon antireligieuse, du moins indépendante des opinions religieuses. […] Les anciens philosophes formaient des écoles, qui étaient comme autant de sectes, parce que, professant leurs opinions à côté de religions qui n’avaient rien de positif, ils pouvaient rester unis à la morale. […] Ainsi il nous restait à acquérir une dernière preuve de notre misère, celle d’établir, par l’expérience des plus déplorables événements, combien les peintures imaginaires nous troublent plus que les tableaux réels.