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852. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Cela était vrai du temps de Napoléon Ier ; cela reste vrai aujourd’hui. […] Napoléon, au reste, était le premier à en faire la remarque à cette date dans sa Correspondance (22 août 1813) : « En général, disait-il, ce qu’il y a de fâcheux dans la position des choses, c’est le peu de confiance qu’ont les généraux en eux-mêmes : les forces de l’ennemi leur paraissent considérables partout où je ne suis pas. […] « Au reste, a dit Jomini, cette bataille me détrompa de toutes les espérances que j’avais conçues ; elle me prouva qu’un homme dans ma position ne devait jamais juger les choses comme il le ferait s’il était maître de commander ; et j’appris là qu’il y avait une grande différence de diriger soi-même l’ensemble d’un état-major dans lequel on prévoit et organise tout, ou à raisonner sans fruit, et sur des données incertaines, de ce que veulent faire les autres. […] Qu’il aille en France, en Russie, qu’il entre au service des czars ou des rois, il reste Suisse au fond du cœur : la petite patrie, il ne l’abdique jamais au sein des empires, et au moment critique, à l’heure du péril, il se retrouve patriote suisse comme au premier jour, comme au jour du départ du pays natal, prêt à répondre à son appel et à le servir.

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